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Top View KVM-116O et son mot de passe

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Comme je fais un peu de ménage dans l'atelier ces derniers temps, et avant que je m'en sépare pour de bon, je voulais écrire un article dessus. Certains dans les commentaires youtube m'avaient demandé "c'est quoi ton truc qui clignote dessous ?" . En fait ce KVM possède une petite histoire intéressante que j'avais déjà raconté sur le forum Hardware.fr il y a 5 ans de cela en 2012. Il fût une époque où j'avais quelques serveurs. A ce moment là j'avais un KVM Compaq 8 ports (Apex 180ES rebadgé) mais dont l'image tremblait beaucoup. C'était insupportable en 1280*1024 en VGA. J'ai pu dénicher sur eBay un KVM lui aussi avec OSD et je suis tombé sur ce Top View pas trop cher. Il s'agit d'un 16 ports rackable, c'est qui est complètement démesuré par rapport à mon usage. mais bon qui peut le plus peut le moins.

Normalement ce genre de boîtiers servaient dans les locaux techniques (plus ou moins grands) pour avoir la main sur la machine à un niveau bas logiciellement sur des serveurs pour aller dans le BIOS ou installer l'OS (avant démarrage d'un service SSHD ou d'un VNC d’administration à distance par exemple). Depuis les KVM IP et autres matériels de "Out-of-band management" comme iLo chez HP ou les solutions RSA et IMM chez IBM, les KVM comme le mien (à l'ancienne) sont devenus complètement obsolètes. Mis à part si on doit y brancher une armée de PC assemblés.

La façade comporte un afficheur 3 digit 7 segments, deux boutons de logique et un interrupteur à bascule pour l'alimentation. Des raccourcis claviers sont interceptés par le KVM pour basculer les affichages, les boutons ne servent qu'au cas où. Les deux chiffres à droite sont pour le port de 1 à 16. Le chiffre à gauche permet d'afficher le numéro de banque = numéro du KVM sélectionné (1 par défaut). Oui car on peut les "stacker" (les empiler) = en relier plusieurs à la suite pour manipuler n KVM de 16 ports. Comme pour les commutateurs réseau.



L'arrière dispose d'une armée de prises PS/2 et VGA pour y relier les 16 PC. Vous trouverez à gauche : l'entrée d'alimentation 12V, la partie "daisy-chain" pour y relier d'autres KVM à la chaîne dessus et enfin un port console. Certains KVM possèdent aussi un port console en face avant. Ce n'est pas le cas ici.




Un tel KVM ne serait rien sans son tas de cordons très moches :



Ici il n'y en a que 3, imaginez avec 16. :lol

Voici l'affichage OSD à base de jaune, de bleu et jaune. Il y a souvent un mot de passe sur les modèles professionnels. C'est une sécurité désactivable via la configuration.



Évidemment vos actions au clavier ou la souris ne sont pas transférées aux PC tant que vous n'avez pas rentré le mot de passe. Une fois le mot de passe saisi, vous avez accès au menu où est affichée la liste des machines :



Le nom de chaque machine est modifiable (en clavier qwerty évidemment sinon ce ne serait pas amusant). Une petite icône permet de signaler si la machine est allumée ou pas.



Le nom de la machine sélectionnée est rappelé à l'écran (s'efface après un délai réglable ) :



Le KVM est alimenté via une entrée 12V DC, mais elle n'est absolument pas nécessaire car il se sert aussi des prises PS/2. Ainsi l'appareil se met en marche du moment où au moins 1 PC est allumé. L'interrupteur en façade qui coupe l'arrivée du 12V est alors complètement inutile :




Même sur "0" c'est bon, ça marche. :lol
Dedans c'est plutôt vide et on y trouve 4 circuits imprimés empilés reliés via des nappes :




Beaucoup de microprocesseurs de type PIC programmés :



Une fois démonté :



La carte principale avec un buzzer, pleins de circuits logiques et la partie alimentation à droite.



Arrêtons nous ici car c'est là que ce KVM m'a donné quelque sueurs froides quand je l'ai acheté. Comme je l'ai dit au début je l'ai eu sur eBay et je ne connaissais pas le mot de passe. Évidemment il est inutilisable sans dans sa configuration par défaut. Le hic c'est que le vendeur est un broker informatique. Je me souviens avoir envoyé un courriel à l'époque et il m'a dit qu'il ne le connaissait pas et qu'il allait essayer de retrouver l'ancienne boite qui lui a vendu etc... Rolalalala vous la voyez venir la galère ? Je n'ai jamais eu de réponse de sa part mais je savais de toute façon de mon coté que c'était mission impossible. Ce genre de personne achète des palettes entières de matériel qu'il déstocke et revend au détail. Il ne connaît donc pas l'historique de ce KVM et peut-être même qu'il ne peut même plus retrouver sa source, l'entreprise d’origine qui lui a vendue. Si encore il n'y a pas d'intermédiaire... Ensuite il faudrait qu'il demande à l'administrateur informatique de la boite (donc trouver la bonne personne) s'il se souvient encore d'un mot de passe installé sur un matériel si cela se trouve remisé depuis des lustres dans une armoire. :D

Donc j'ai cherché par moi-même déjà dans la documentation trouvée en PDF sur le net. Génial il y a un mot de passe par défaut : 8 fois le chiffre 0. Mais hélas le mot de passe a été changé et ce n'est plus celui-là. Le hic c'est que rien n'est prévu par le constructeur pour faire sauter le mot de passe. C'est clairement ce qu'indique le manuel :



Oui vous avez bien lu. Vous avez oublié le mot de passe ? Et bien vous l'avez dans l'os, vous n'avez que vos yeux pour pleurer et la seule solution c'est de ramener l'unité à l'usine pour la réparer. Bah voyons ! En effet, vous n'aviez rien remarqué sur les photos d'avant ? Comme vous avez pu le voir lors du démontage :
  • pas de port console RS232 (en même temps un peu normal sur ce genre d'équipement)
  • aucun bouton de reset (même interne caché)
  • pas de cavalier de recovery ou de pile lithium


Aucun dispositif de remise à zéro n'est présent ! L'appui simultané sur les boutons en façade ne fait juste qu'un reset logique (reboot). Ma seule hypothèse étant que le mot de passe doit être conservé dans une mémoire flash. Voici l'EEPROM CAT28C64BP dans laquelle j'ai pu trouver le mot de passe à l'époque.



Il a fallu la retirer de son support et la placer dans le programmateur pour la lire :




Avec le logiciel on retrouve les noms de machines et quelques textes du menu :




Heureusement le mot de passe est en clair (ouf) sur 8 caractères à l'adresse $001F000 (ici changé hein) :



Bref voila comment j'ai pu retrouver l'ancien mot de passe à l'époque et pourquoi j'ai pu l'utiliser jusqu'à aujourd'hui. Sinon je n'avais plus qu'à me faire rembourser et le mettre en déchetterie. Belle conception ! Moralité : faites attention quand vous achetez du matériel à des brokers informatiques car certains appareils peuvent être verrouillés. Un mot de passe de BIOS PC peut facilement (sauf quelques exceptions) être effacé/sauté. Les routeurs ou switchs réseau administrables possèdent tous une procédure de reset d'usine. Mais là c'était vraiment merdique.

Finalement je m'en sépare sans trop de regrets : beaucoup de "plantages" et d'incompatibilités. Il me fallait lui faire des resets régulièrement car des fois il n'était pas détecté par mon Optiplex 760 (obligé de rebooter) à l'allumage de manière aléatoire. Des fois en basculant de machine : la souris perdait la tête (collée aux quatre coins de l'écran, obligé de reboot). Affiche le signal vidéo en nuances de gris (pas de couleur) avec les vieilles cartes S3. Des problèmes avec certaines résolutions DOS qui faisaient dérailler l'OSD. Pas terrible avec du retrocomputing donc. Et enfin affichage flou en Full HD (1920*1080), bon là je lui en demande trop, même si d'après la documentation il devrait suivre.

Il a été remplacé par un petit TrendNet USB (TK-207K) moins imposant :lol n'ayant plus de deuxième NAS, seuls 2 ports suffisent (pour mon NAS Linux et le PC d'altelier Optiplex 760). Pour la partie retrocomputing je passerai dorénavant par un vrai trio écran-clavier-souris pour moins d’embêtements.